lundi 6 mai 2013

"TROPICAL MANGO" (single 18/52)




J'ai enregistré "Tropical Mango" en 2009 et je songeais à l'inclure à l'album "Mary Lee Doo". Mais je n'ai pas trouvé cela cohérent. Le mixage me déplaisait. J'avais envie de refaire de la musique à base de coupures, comme je faisais dans les années 90. Des chansons zapping. A cette époque ça avait vraiment du sens de déconstruire. Il y'avait le sampling et le décloisonnement des genres musicaux. Le trip hop, l'indie lofi, permettaient des cassures qui, à mon sens, témoignaient d'une période trouble où l'on disait qu'il n'y aurait plus rien de neuf en musique. La fin du siècle rendait la production hystérique et les mélanges ressemblaient à du zapping télé plus qu'à du dosage. Aujourd'hui cette grammaire musicale n'a plus de sens. Mais dans les années 90, faire du zapping proposait une musique poupée russe, démontrait que plusieurs niveaux de lectures était la clé de l'écoute. Aujourd'hui, avec le principe de fenêtre, et je ne fais pas que référence à Windows, nous avons un applanissement des sources d'épanouissement culturel. On peut chasser ses gourmandises musicales d'un site à l'autre et internet est plus panoramique que ne l'était la conscience de la culture de ces années de fin de siècle. Il était punk se sortir la guitare folk après un morceau punk. Aujourd'hui l'accès a pris la place du zapping et nous envisageons la musique comme un panorama. Pas étonnant que l'on voit autant de plans larges dans les clips. De l'horizon, du ciel, des reverbs longues comme si les chansons étaient enregistrées dans des valées. Dans les 90's, l'intimité avait un grande place dans la musique alternative. Aujourd'hui c'est l'exhibition qui prime. 
Ma chanson "Tropical Mango", elle, est encrée dans les 90's par son cadavre exquis qui sert de texte et par ses collages musicaux qui en font ce puzzle absurde. Je voulais retrouver ces sensations de brutalité à l'écoute. Tout d'abord avec une partie de musique évoquant la jungle tropicale coupée de passages garage rock. Puis une libération de garage heavy sur un rythme installé de polka punk. En troisième partie, la nature, les guitares folk et les flutes, on retrouve une largeur de champ. Pour le clip, j'ai ressorti des ingrédients de 2009: les oeufs qui chantent. J'avais à l'époque organisé tout un tas de teasers pour vendre "Mary Lee Doo" avec ces oeufs. Réutiliser des ingrédients offre une nouvelle lecture et un constat mal assumé dans la musique: nous sommes en  constante redite. J'ai toujours assumé de creuser le même sillon. Utiliser les oeufs qui chantent ou les images de "Berenice Panic" me sert à rire de ce constat tout en éclairant à nouveau ces éléments, pour les creuser un peu. De la foret, Henry en diable, des poursuites. Que donnent ces images sur cette musique? Quel est ce puzzle? Ce sont mes questions, et j'aime me les poser devant vous. 
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